La grande môme, roman de Jérôme Leroy

Publié le par muet_comme_un_carpe_diem

http://abcd.ville-larochesuryon.fr/lrsy/files/u36/w_la_grande_mome_leroy.jpgA l'heure où le gouvernement recule devant la jeunesse lycéenne car il craindrait nous dit-on que l'exemple des émeutes grecques ne fasse tâche d'huile, à l'heure où Julien Coupat et Ydulne Lévy sont maintenus en détention en dépit du manque de preuves matérielles de leur participation aux sabotages des lignes TGV, on est en droit de s'interroger et de chercher à prendre du recul.

En effet, qu'est-ce qui anime ceux qui brandissent actuellement l'épouvantail de l'Ultragauche et qu'est-ce qui justifie le radicalisme de certains qui considèrent que la gauche de la gauche  n'est pas à même de porter leurs revendications et préfèrent prôner l'action directe ?

Ne sommes-nous pas en train d'assister à des bégaiements de l'Histoire ? Ne risque-t-on pas de voir revenir les abominations de la politique de la tension en vigueur en Italie dans les années soixante-dix où l'extrême-droite commanditait des attentats qu'elle imputatait aux milieux libertaires afin de promouvoir en définitive une société sécuritaire suceptible de réprimer les mouvements syndicaux ? Ne risque-t-on pas de voir de nouveau une partie de la jeunesse sombrer dans une spirale de violences aussi dangereuses qu'inutiles ?

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/5/6/7/9782869304765.jpgNe cédons ni à l'angélisme ni au romantisme. Restons vigilants et lucides dans cette période trouble.

Un an avant ces événements Jérôme Leroy dont j'ai déjà souvent souligné les qualités prémonitoires abordait d'ores et déjà ces questions dans La grande môme. Pour une fois, Jérôme Leroy met de côté son goût pour les récits de fin du monde, et nous livre sa lecture romancée d'évenements historiques puisqu'il relate comment une adolescente découvre au travers de récits parcellaires les tenants et les aboutissants de la participation de sa mère aux actions violentes d'un groupuscule gauchiste dans les années quatre-vingts.

Sous la plume de Jérôme Leroy on comprend facilement que la vie de cavale est tout sauf une sinécure pour un enfant. Entre les déménagements impromptus qui empêchent de créer des liens et la précarité qui renforce la marginalisation dans la cour de récréation, Dora Suarez n'a pas eu une enfance des plus simples mais l'arrivée chez ses grands-parents après l'arrestation de sa mère ne sera pas de nature à lui simplifier.


Tout d'abord, il lui faudra comprendre pourquoi sa mère lui a caché leur existence et partant se faire à l'idée que son véritable nom est en fait Emilie Ambricourt et non celui de ce personnage d'un roman de Robin Cook. Ensuite, il lui faudra, bon gré, mal gré, accepter de faire face aux regards tantôt accusateurs tantôt compatissants des autres  face à son statut de fille de terroriste.

La force du roman est de toujours présenter les choses d'un point de vue humain. C'est parce qu'elle tombe amoureuse de Jean-Sébastien issu d'une famille d'aristocrates déchus qu'Emilie parvient à raconter son histoire. C'est dans l'enfance de sa mère qu'elle trouve certains des éléments qui expliquent la nature de son engagement. C'est dans le refus viscéral des injustices que portait une génération qu'elle identifie les autres. C'est parce qu'elle refuse d'être isolée de sa mère qu'à son tour elle va se rapprocher de militants d'extrême-gauche pour créer un comité de soutien.

http://www.livrenpoche.com/thumb/Le_grand_mome/140/26056-0.jpgLibrement inspiré de l'arrestation d'Hélène Castel extradée du Mexique avant de pouvoir bénéficier de la prescription pour un braquage destiné à financer l'ouverture d'un restaurant autogéré, ce récit pose des questions délicates sur la manière de purger une peine.

Est-ce que le fait d'avoir multiplié les petits boulots dans le social pour venir en aide aux plus démunis et d'avoir vécu dans la peur d'être arrêtée suffisent à dédouaner la mère d'Emilie de sa participation à des actions violentes ? Est-ce que ces mêmes actions donnent le droit à la justice de séparer une mère de sa fille en lui imposant le quartier de haute sécurité de la prison près de vingt ans après les faits qui lui sont reprochés ?

Certains reprocheront à Jérôme Leroy de les avoir posées, d'autres le remercieront de l'avoir fait. Pour ma part , je me contenterai de conclure en saluant ce très beau livre et en pointant que dans un cas comme dans l'autre, dans un camp comme dans l'autre,  la fin ne justifie pas toujours les moyens et que l'humain devrait toujours primer même si je le reconnais aisément cela est toujours plus facile à dire qu'à faire dans une période de crise aigue.




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je me demande si Jérôme Leroy ne peut pas faire la suite de l'histoire :<br /> Émilie peut voir sa mère une fois chaque fin du mois juste pour 20 minute et pour se venger Émilie devient elle aussi une terroriste quelque chose comme sa .Et comme sa vous allez faire "La Grande môme 2" .
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bonjour, j'ai trop adorer le livre la grande môme, et je me suis beaucoup inspirer de l'histoire d’Émilie qui ne sais pas trop quoi faire quand elle a su que sa mère est une ancienne terroriste.
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J
bonne année 2009 amour gloire et beauté hi hi hi hi mais surtout la santé et du pognonaller rendez vous sur l'equipe de choc " jc a des cheveux "
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