Superstar, BD de Kurt Busiek et Stuart Immonen

Publié le par muet_comme_un_carpe_diem

http://2.bp.blogspot.com/--W7l9-OIVAM/UXpNbcCSEuI/AAAAAAAAJIU/ojANX51klKY/s320/superstar-busiek-immonen-glenat.jpgDe qualités très inégales, les adaptations cinématographiques des comics américains sont devenues légions avec des enjeux financiers énormes pour le merchandising et l'industrie du jeu vidéo. Ces blockbusters s'en amusent même parfois comme dans le premier film des quatre Fantastiques où Johnny cherche à vendre son image et celle de ses coéquipiers à des sponsors. On évoque la vente des figurines dans ce même opus ainsi que dans Watchmen.

 

Néanmoins, les éditions Glénat ont publié en 2013 une bande dessinée de Kurt Busiek et de Stuart Immonen qui pousse plus loin la réfléxion sur ces liens controversés entre le monde des superhéros et celui de l'économie. L'originalité du personnage principal, Cody Bridges alias Superstar réside moins dans la manière dont il s'est retrouvé doté de pouvoirs - un "banal" accident de laboratoire - que dans le moyen d'amplifier sa puissance.

 

En effet, suite à l'explosion d'un centre universitaire autrichien, Cody peut absorber la bioénergie d'autrui pour la convertir en capacités exceptionnelles. On n'est pas très loin du principe des divinités dont la force est proportionnelle aux nombres des prières qui leur sont adressées ou plus prosaïquement des partis politiques qui réclament des contributions financières.

 

Fils d'un self made man magnat de la presse dont il a longtemps voulu éviter l'influence, il finit bon gré mal gré par accepter que son père finance les recherches du Dr Schweber tout en organisant des tournées promotionnelles où ses admirateurs sont invités à payer leur place pour assister à ses prouesses ainsi qu'à faire un don de bioénergie pour alimenter ses pouvoirs  afin qu'il puisse combattre le mal avec plus d'efficacité. Chacun de ses combats est en outre filmé par un drone pour une diffusion sur la chaîne de TV dirigée par son père.

 

Jalousé par son frère réduit au rôle d'acolyte qui reste dans l'ombre pour le briefer à distance sur les faiblesses de ses adversaires, trahi par sa petite amie qui vend ses confessions sur l'oreiller à une maison d'édition, instrumentalisé par son père qui cherche avant tout à rentabiliser ses investissements, sollicité en permanence par des fans insatiables, Superstar a bien du mal à garder l'équilibre. D'autant plus qu'il a fort à faire pour déjouer les plans d'une ribambelle d'ennemis.

 

http://img.bd-sanctuary.com/cs/rising-stars-comics-volume-10-simple-22220.jpg?1374240370Dans Arrowsmith, où il introduisait la magie dans la première guerre mondiale, Kurt Busiek avait d'ores et déjà démontré que l'on pouvait doter un comics d'un récit complexe et tout en nuances. Avec Superstar, il dépasse à nouveau les lieux communs du genre pour nous inviter à nous interroger sur la place du superhéros et plus largement des célébrités dans les médias et dans nos vies de spectateurs/consommateurs.

 

Struart Immonen avait d'ores et déjà mis son coup de crayon au service de ce genre de réflexion autour de la publication chez Image de Rising star où l'on retrouve la problématique d'un héros réduit à être la tête de gondole d'une corporation autour d'un scénario de J. Michael Straczynski qui n'est pas sans évoquer les séries 4400 où Heroes tout en innovant.

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P
<br /> N'ai jamais compris l'engouement pour les "super-héros" - et pour tout dire je ne les aime pas, avec cette idéologie, ce mythe d'un "être supérieur" où on nous explique (sic) qu'on ne peut pas<br /> s'en sortir en tant qu'homme simple ... sans supers pouvoirs nous ne serions rien !!!<br /> <br /> <br /> En plus ils sont habillés de manière ridicule ;)<br />
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M
<br /> <br /> Ce qui m'intéresse dans le monde des comics, c'est moins la prétendue supériorité de ces personnages dotés de pouvoirs que leurs failles, leurs doutes, leurs espoirs, leurs craintes qui nous<br /> renvoient aux nôtres.<br /> <br /> <br /> Amateur de SF et d'anticipation, je m'ennuie à lecture des comics popcorn qui multiplient les combats rituels entre bons et mauvais qui ressemblent à une surenchère du jeu de celui qui fera pipi<br /> le plus loin mais je suis enthousiasmé par les scénarios qui prennent le prétexte d'un monde où les mutants existeraient pour nous donner à réfléchir sur nos sociétés et partant sur nous.<br /> <br /> <br /> Dernier coup de foudre Small Gods de Jason Rand publié aux éditions Delcourt avec un scénario très sombre qui montre un enquêteur précog et un petit truand empath qui se seraient bien passés de<br /> leurs pouvoirs respectifs car ils se retrouvent à cause d'eux dans la nasse de problèmes en cascade. On est loin des clichés de l'homo supérior ! ;-p<br /> <br /> <br /> <br />