Manuscrit trouvé dans une poche de Julio Cortazar in Octaèdre
Beaucoup connaissent Julio Coratzar pour avoir lu dans bon nombre d'anthologies de littérature fantastique sa très courte nouvelle Continuité des parcs où un homme est en train de lire un roman qui suit la progression de celui qui va le poignarder dans son fauteuil. Julio Cortazar a publié quantité de textes aussi étranges les uns que les autres mais j'ai une nette préférence pour les nouvelles des recueils Cronopes et Fameux et Octaèdre.
Après la chronique du roman d'Anatoly Kourtchatkine Mémoires d'un extrémiste qui fait le récit d'une Utopie en acte autour de la création d'un métro et celle du film THX 1138 qui dépeint une dictature souterraine, je poursuis dans la thématique des profondeurs en évoquant justement une des nouvelles de Julio Cortazar qui se place également dans le métro. Mais cette fois avec une pointe d'optimisme.
Qui sait ce que cherchent ces gens épuisés qui montent et descendent des wagons du métro"
Et si c'était les transports amoureux ? C'est tout du moins ce que suppose Julio Cortazar dans Manuscrit trouvé dans une poche, une des nouvelles du recueil Octaèdre publié dans la collection L'imaginaire des éditions Gallimard.
Le romancier argentin qui a rédigé bon nombre de nouvelles fantastiques entre l'absurde et l'inquiétante étrangeté dresse dans ce texte un portrait réaliste de ces passagers qui font tous semblant de consulter une "zone qui ne soit pas le voisinage immédiat" dans ce métro où chacun est "installé dans sa bulle, aligné entre parenthèses" et réfugié ou non derrière un journal ou un livre de poche.
Mais il décrit aussi ces brefs moments d'espoir qui naissent dans les subreptices échanges de regards dans les reflets qui se mêlent à la peur où le temps commence " à battre comme un deuxième temps au pouls du jeu; à partir de ce moment là, chaque station de métro décidait à sa manière du futur".
Le narrateur de sa nouvelle a décidé d'un jeu amoureux aussi simple que complexe : suivre la femme qui lui adressera un sourire dans la vitre si et seulement si son parcours coïncide avec le parcours qu'il a choisi avant chaque voyage. Autrement dit attendre de vérifier si l'accorte hasard multiplie les signes aléatoires et pourtant déterminés de la rencontre de l'âme soeur.
Le respect absolu de cette contrainte va t-il lui permettre de faire taire les araignées qui lui nouent le ventre. Marie-Claude descendra-t-elle à la Station Daumesnil ? Une idylle commence-t-elle ?
NB :du 7 novembre 2007 la chanson de James Blunt You're beautiful semble être faite pour illustrer cette nouvelle de Julio Cortazar. On peut écouter cette chanson sur le scmilblik