Hôte de furieux fantasmes, nouvelle de J. G. Ballard

Publié le par muet_comme_un_carpe_diem

couvertureEn d'autres temps, j'avais pointé la richesse des pastiches de contes dans la littérature de jeunesse en particulier autour du thème de la princesse puis je m'étais moi-même amusé à détouner ce patrimoine culturel sous forme de petites annonces.

Pourtant avant de lire la nouvelle Hôte de furieux fantasmes de James Graham Ballard, incluse dans son recueil Mythes d'un futur proche ,  j'étais loin de penser que l'on puisse à ce point rendre compte des lames de fonds de l'inconscient en action dans ces contes de fées aux dires des disciples de Sigmund Freud dans une version littéraire moderne.

Que ceux qui ne veulent aborder ce genre que par le biais des versions édulcorées véhiculées par des dessins animés sirupeux s'abstiennent d'aller plus loin. Pour les autres, la lecture de ce pastiche psychanalytique sera déstabilisant.

Le narrateur de la nouvelle n'est pas un lecteur assidu de La psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim et pour cause, habituellement, en dépit de son patronyme évocateur, le Docteur Charcot méprise totalement ce genre de démarche dans sa pratique habituelle de la médecine et est hostile à la psychothérapie, "terrain de chasse privilégié d'excentriques à prétentions scientifiques d'une espèce particulièrement dangereuse."

Néanmoins, pour le dermatologue, force est de constater que le cas de Christina Brossard ne peut être abordé sans y voir une forme psychose construite autour du personnage de Cendrillon. En effet, la jeune orpheline passe son temps entre deux périodes d'hébétude totale, à récurer à la lessive les cheminées de l'hospice où elle est internée depuis le suicide de son père milliardaire. Ce qui n'est pas sans provoquer des problèmes de peau, faute de porter des gants en caoutchouc. Manifestement, Christina fait jouer le rôle des mauvaises soeurs aux religieuses qui gèrent l'hospice largement financé par les dons de son père décédé.

Lorsque sous l'effet d'une prise excessive de drogue hallucinogène prescrite par une thérapeute peu scrupuleuse qui joue à ses yeux le rôle de la marraine, elle fugue pour "se rendre au bal" comme elle l'a déclaré à l'un de ses infirmiers, le docteur Charcot comprend qu'elle retourne au château familial pour y peaufiner son délire pathologique.

Pour déminer le traumatisme incestueux qui a déclenché cette psychose, le docteur Charcot va se risquer à jouer le rôle du prince charmant à ses risques et périls. La chute vous laissera pantois !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article