J'attends quelqu'un, Jérôme Bonnell

Publié le par muet_comme_un_carpe_diem

J attends quelqu un

Attendre quelque chose, quelqu'un... le train, son tour, un invité, une occasion favorable, un coup de fil, un enfant. S'attendre à tout, au pire  ou ne rien attendre.

Oui  J'attends quelqu'un de jérôme Bonnell joue sur tous les registres de l'attente sur un nuancier qui va de l'attention à l'attentat aux bonnes moeurs pour nous montrer combien elle peut être prégnante, poignante. Comme dans la nouvelle permission d'Anna Gavalda dans le recueil J'aimerais que quelqu'un m'attende quelque part.

Louis vivote dans un quotidien ponctué par les coups de feu de sa brasserie qu'il peine à maintenir à flot, les visites à sa mère qui ne le reconnaît plus, les passages de son jeune fils dont il n'a pas la garde, les repas dominicaux avec sa soeur et son mari , les relectures de Flaubert. Il attend son tour pour son rendez-vous hebdomadaire avec Sabine qui se prostitue à ses risques et périls car elle n'attend plus rien. Il entretient avec elle une relation ambiguë pétrie de tendresses. Il aimerait bien qu'elle abandonne ses activités lucratives mais parfois dangereuses pour vivre avec lui mais il ravale ses espoirs, ses envies car il préfère se cacher pour pleurer. Quand elle disparaît sans crier gare, il attend dans l'inquiétude, fébrilement mais sans aller jusqu'à tout chambouler dans sa vie car il y a quelque chose de brisé en lui.

Stéphane a longtemps attendu avant de revenir dans sa ville natale, préférant bourlinguer d'une ville à l'autre en attendant le pouce levé sur le bord de la route plutôt que d'assumer une paternité à laquelle il ne s'attendait pas. Maintenant, il attend une occasion favorable pour pouvoir enfin rencontrer sa fille Margot qu'il n'a jamais vue. Le stratagème qu'il a imaginé pour ce faire va prendre du temps alors il va devoir prendre son mal en patience et attendre, filer, attendre, filer, pour enfin prendre dans ses filets les bonnes informations, les bons contacts. Mais tout cela ne se fait pas sans mal et sans souffrance tenaillé tantôt par la faim, tantôt par le désir, tantôt par les remords.

La soeur de Louis attend elle aussi quelque chose sans vraiment le savoir. Son mari journaliste est gentil mais on sent bien qu'elle aspire à changer autre chose que la place des ses meubles. L'arrivée de Stéphane lui permettra-t-elle de trouver comment y parvenir ?

Ne vous attendez pas à un rythme endiablé, à des rebondissements incessants puisque le film est une mise en abîme de l'attente qui nous ronge. Ce film est à l'instar de la vie souvent jalonné de périodes d'ennui ou plus exactement d'espoirs qui peinent à se réaliser (Camille Laurens rappelle dans Le grain des mots la proximité entre attendre et espérer) mais cela ne le rend que plus crédible à mon sens. Bon sang que le jeu de Jean-Pierre Darroussin est touchant !

 

 

 

 

Pour voir la bande annonce et une galerie de photos du film : http://www.bacfilms.com/fichesalles.php?id=194

Pour lire une autre chronique d'un bloggeur qui a été moins enthousiasmé par le film et s'en explique de façon argumentée ce qui vous permettra de confronter plusieurs points de vue : http://critiques.over-blog.com/article-6160772.html

Publié dans Chronique de film

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A
La lecture de l'article "Attendre" de Camille Laurens dans "Le grain des mots" m'avait beaucoup touchée  et je ne peux que vous la conseiller. Il faut dire aussi que cet article m'a été glissé dans les mains au bon moment. Je l'ai dégusté et je ne suis pas prête de l'oublier. Tout comme le contexte dans lequel il s'est inscrit.<br /> "l'attente faite de contradictions, de renoncements plus ou moins volontaires, d'espoirs tués dans l'oeuf "' tas touché et m'aurait touchée aussi pour la même raison que toi, je pense.
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M
<br /> <br /> touché coulé<br /> <br /> <br /> <br />
R
Mais qui est donc cette mystérieuse christel qui t'envoie autant de bisous? hum...
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R
Il me semble mais je peux me tromper que tu ne dis pas grand chose qui raconte pourquoi tu as aimé. J'ai aimé globalement les idées du films, les personnages attachants, certains moments forts. Cependant, moi qui aime les cinéastes qui laissent des blancs, des zones d'ombres, des espaces dans lesquels le spectateur puisse se glisser et y mettre ce qu'il veut (cinéma asiatique, Lynch etc), je trouve le maillage un peu lâche cette fois-ci. A force d'épurer son film, Bonnel nous laisse avec quelques moments d'ennuis alors que tous les cas dont il parle sont intéressants. Je suis ressorti perplexe de la séance. Comme tu dis, l'ennui fait parti de la vie, mais ce n'était pas vraiment le propos du film (mais je peux encore me tromper) qui est plutôt l'attente, et nos différences quant à donner de nouvelles directions à nos vies. Certains y arrivent, d'autres pas. Je reste donc sur ma faim même si je reconnais beaucoup de qualité à ce film. à plus, bise
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