Comme un papillon, Bande dessinée de Soulman

Publié le par muet_comme_un_carpe_diem

http://www.bedetheque.com/thb_couv/CommeUnPapillon_14072007_210209.jpgC'est un lieu commun bien commode que d'affirmer que l'adolescence est une période difficile. La plupart du temps nous nous abritons derrière cette antienne pour éviter de nous demander comment accompagner sans étouffer ces jeunes qui ne sont plus totalement des enfants et pas encore des adultes. Bien souvent nous nous concentrons bien moins sur les étas d'âmes de nos jeunes que sur nos propres difficultés à admettre que nous sommes souvent empétrés dans les flux et reflux d'une culpabilité malsaine qui nous submerge et d'une volonté de maîtrise totalement illusoire et liberticide.

Transformations du corps, conflits familiaux, premiers amours, échecs scolaires et craintes de décevoir, difficultés à trouver sa place au sein d'un groupe sont autant de raisons qui peuvent pousser unE adolescentE à la déprime voire à mettre un terme à ses jours. Le suicide chez les adolescents a explosé ces dernières années et les contrevérités proférées à ce sujet ne cessent de masquer l'essentiel. (à cet égard il est utile de consulter entre autres le site suivant
http://adosurf.free.fr/suicide/suicide.html ).

La bande dessinée Comme un papillon de Soulman aborde cette question d'une façon magistrale sans pour autant donner des leçons. Disons qu'elle pose les bonnes questions sans pour autant prétendre fournir les réponses. Ni mièvreries ni fadaises mais des illustrations touchantes de ces brusques mouvements de bascule entre le rire et les larmes qui masquent des vagues de fonds autrement plus violentes.

De la même façon que Spielberg nous invitait à nous interroger sur la Shoah en tournant La liste de Schindler en noir et blanc avec quelques scènes où le rouge venait crever l'écran de nos consciences,
Soulman  nous propose de suivre la cagoule rouge de Frédéric au fil de pages monochromes. D'une hécatombe à l'autre, d'un ghetto à l'autre, rien n'est égal, rien n'est véritablement comparable et pourtant dans un cas comme dans l'autre il y a de l'humain au-delà de tout manichéisme, de la souffrance et un espoir qui survit vaille que vaille. Ce n'est sans doute pas un hasard si pour accompagner l'animation qu'il met en ligne sur son site à propos de cette bande dessinée Soulman a choisi un extrait de la musique du film.



Pourquoi Frédéric ne la retire-t-il jamais cette cagoule ? Que cache-t-elle ? Une malformation, une maladie de peau, une tâche de vin, ou des brûlures comme le pense le proviseur qui a bien du mal à du mal à juguler l'effet papillon que provoque l'entêtement du jeune garçon à porter ce couvre-chef. Les collégiens et leurs professeurs trouvent cette attitude ridicule, provocatrice, énigmatique ou inquiétante  mais bien peu  se donnent la peine de véritablement chercher à aider Frédéric. Au contraire pour certains la mesure exception réclamée à cor et à cri par la mère de Frédéric est un prétexte pour contester l'autorité de manière spontanée ou organisée. De la casquette au voile Frédéric fera des émules pour des raisons bien éloignées de ses propres motivations.

Cette cagoule cahe-t-elle des maltraitances familiales comme le soutient le jeune professeur stagiaire qui ne parvient pas à tenir ses classes et qui a bien du mal à supporter ses collègues aigris.

André qui avant l'arrivée de Frédéric était le bouc émissaire en titre à cause de ses kilos en trop va
devenir son meilleur ami après avoir été tenté de crier avec les loups. Il partagera quantité de moments de complicités avec Frédéric mais pas suffisamment pour comprendre pourquoi cette cagoule a tant de choses à voir avec les ailes d'un chétif papillon (captif nous rappelle l'étymologie).

Cette bande dessinée pourrait vu son thème être triste mais Soulman parvient toutefois à y insuffler de l'humour à foison sans doute pour mieux nous faire percevoir la complexité du sujet.

Ainsi si le professeur de mathématiques est un sinistre crétin il n'en délivre pas moins des conseils criticables s'il en est mais néanmoins utiles pour aider André à se socialiser, si l'attention du jeune stagiaire pour ses élèves est louable elle peut être insuffisamment éclairée par l'expérience. Si l'amour de la mère de Frédéric est fort il peut être inefficace pour aider son fils.

Dans la foulée relisez
Entre les murs de François Bégaudeau

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P
Idem que JC, les vacances ressemblent à des pointillés concernant les blogs...ce n'est peut-être pas plus mal, on se concentre sur autre chose...bref, l'activité va reprendre sous peu...
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J
désolé pour mon absence...un peu longuette et  estivale.....mais je suis de retour sur vos blog..........i'll be back
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M
<br /> <br /> pas de problème !<br /> <br /> <br /> <br />
P
Une lecture humaine et humaniste, encore une fois...qui m'amène enfin à vous parler du "chagrin d'école" de Pennac que j'ai enfin ouvert et dévoré. Pendant les vacances (!) J'ai beaucoup aimé la mise à nue de Daniel Pennac, redevenu Pennachionni ce garçon en échec. (Qui l'eut cru?) Si parfois, l'auteur semble un peu moralisateur, il prend la peine de faire une introspection systématique sur sa pratique de prof...quelle complexité que l'échec! Ce sentiment de mise à l'écart, comme ce petit Frédéric! Les adultes n'ont qu'un moyen de la faire sortir de leur armure étouffante (je reprends là aussi Pennac): l'Amour.
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C
<br /> Le sentiment de mise à l'écart est plus clair chez le personnage d'André que chez celui de Frédéric. Devenu adulte André affirme à propos des rdv que se donnent les collégiens dans le centre<br /> commercial pour jouer aux jeux vidéos : "Moi j'avais l'impression que je n'en avais pas le droit. Frédéric lui n'en ressentait tout simplement pas le besoin. C'est très différent de se passer<br /> de quelque chose par choix, mine de rien..." Frédéric n'est pas un cancre dans la bande dessinée sa qualité de meilleur en maths vient même au contraire renforcer sa mise au ban.<br /> <br /> On n'y pense pas toujours mais être le premier de la classe est parfois une source de souffrance pour certains enfants qui se voient coupés du reste de la classe.<br /> <br /> Rochex en parle il me semble dans un de ses bouquins sur l'échec scolaire. Le bon élève étant qualifié de bouffon et soupçonné de faillotage et d'appartenir au camp adverse.<br /> <br /> Cancre ou premier de la classe les souffrances des enfants ne sont pas hiérarchisable et devraitent toutes trouvées une écoute et surtout une réponse mais nous en sommes loin en dépit de la bonne<br /> volonté de la plupart des enseignants qui font ce qu'ils peuvent et parfois plus.<br /> <br /> <br />